
Après le cancer du sein : une période à haut risque sur le plan psychologique
La fin des traitements du cancer du sein peut-être, paradoxalement, une période difficile. Il n’est pas toujours évident de reprendre une vie normale après la maladie.
De nombreuses femmes éprouvent un certain mal-être à l’issue des traitements. Retrouver un nouvel équilibre après la maladie ne va pas de soi et nécessite souvent de se faire aider par des spécialistes : psycho-oncologues, psychologues
La fin des traitements peut enclencher des difficultés psychologiques
La prise de conscience du parcours traversé depuis le diagnostic de cancer.
C’est aussi le temps des émotions intenses et confuses où les questionnements concernant l’avenir restent flous et sont entravés par l’angoisse de mort.
Les traitements du cancer du sein sont souvent vécus dans une sorte de tourbillon dû à l’urgence de la situation. La nécessité de se soigner et les bouleversements occasionnés dans la vie quotidienne monopolisent l’attention de la femme qui place toutes ses ressources, physiques et psychiques, dans la mise en œuvre de stratégies d’adaptation.
Ce n’est qu’à l’arrêt des traitements, lorsque le rythme des rendez-vous avec les médecins et les infirmières à l’hôpital ralentit, que les femmes réalisent, prennent pleinement conscience de ce qu’elles viennent de vivre durant les mois écoulés.
Les femmes ont alors tendance à se réfugier dans les soins, qui sont des moments très planifiés donnant la sensation de retrouver une certaine maitrise des évènements et de contrôler la maladie.
Le retour au calme
Ce retour au calme est le moment d’analyser tout ce qu’elles ont vécu et les conséquences de la maladie.
Il signe la prise de conscience de ce décalage entre ce qu’elles étaient « avant » et ce qu’elles sont « maintenant », ce qu’était leur vie avant le cancer et ce qu’elle est dorénavant, la différence qui existe entre elles et les autres.
Les principales difficultés psychologiques post-traitements vécues par les patientes
qui peuvent provoquer une détresse psychologique :
- La peur de la récidive
- Le sentiment de vide et d’abandon
- La perte de confiance en leur propre corps
- Les troubles de l’image corporelle (mastectomie, alopécie)
- Les reviviscences de l’annonce du diagnostic
- La crise dans une relation à l’autre
- La difficulté à reprendre une activité sociale ou professionnelle
- Le décalage avec les proches
Accepter peu à peu les changements et se projeter dans l’avenir
Il y a un avant et un après. Entre les deux, un travail d’élaboration psychique est nécessaire pour pouvoir se reconnaître, même changée. La femme ne pourra reprendre le cours de son existence que si elle intègre l’événement-cancer dans le continuum de sa vie, où passé, présent et futur reprennent tout leur sens.
Mettre des mots sur ce qu’elles vivent
Le fait de mettre des mots sur leurs difficultés leur permettra peu à peu d’accepter les changements et de faire le deuil de leur « vie d’avant » tout en se projetant dans un avenir positif.
Une prise en charge psychologique peut être nécessaire pour :
Aborder les problèmes d’image corporelle ou d’anxiété
Revenir sur des éléments de sa vie et son histoire personnelle qui sont remontées à la surface et qui pourront être abordés
Témoignages
« Mes proches me disaient : « C’est fini ! Tu es guérie » … et non … je n’allais pas bien du tout ! J’étais guérie mais j’étais complétement perdue »
« Une fois les traitements terminés, je me disais que j’allais aller bien et c’est tout le contraire. Je me suis effondrée. Je n’ai pas compris ce qui m’arrivait »
« J’ai participé à des groupes de soutien animée par une psycho-oncologue. Je me suis rendu compte que mes difficultés étaient légitimes, que mes réactions étaient normales. Cela m’a rassurée ».
« Je n’arrivais pas à accepter mon nouveau corps suite à la perte de mon sein. Après quelques entretiens avec la psychologue pour exprimer mes ressentis, ma douleur, ma souffrance, puis des séances de relaxation, de sophrologie, j’ai appris à m’adapter.
Avec le recul, je confirme que j’allais vraiment mal »

Consultez un(e) psycho-oncologue ou un(e) psychologue spécialisé(e) en cancérologie si les symptômes anxieux, dépressifs, persistent.
Sources : A-L Sedda, psycho-oncolgue , Centre Oscar Lambret, Lille